Plan général de l'exposition universelle de Roubaix en 1911

Plan général de l'exposition universelle de Roubaix en 1911
Ce plan montre l'étendue de l'Exposition Universelle de Roubaix en 1911. Celle-ci était installée aux abords du parc Barbieux et du nouveau Grand Boulevard de Lille à Roubaix et Tourcoing (sur la branche entre le Croisé Laroche et Roubaix). Cette manifestation internationale fut implantée sur les territoires des villes de Roubaix et de Croix dans les quartiers actuels de la Duquenière, du Créchet et du Fer-à-cheval. Une partie des installations avaient trouvé place dans le parc Barbieux lui-même (Gilbert Sayet tome 1 page 86 Collection privée ©)

LUNA PARK


Le Luna Park se situait à l'extrémité de l'exposition, à côté du village noir sénégalais. On y accédait en pénétrant par la place flamande et son restaurant populaire. Sur les plans d'origine on découvre l'emplacement d'une rivière mystérieuse à côté du Scenic Railway, d'un stand de tir, d'un jardin tremblant, d'une roue joyeuse et d'un bowling.

L'inauguration du Luna Park, appelé aussi Nord-Park ou la Cité Magique, eut lieu le samedi 13 mai à 9h, soit deux semaines après l'inauguration de l'Exposition elle-même. L'Harmonie de Croix donna un concert au kiosque du Village Flamand à partir de 8h30. Les publicités évoquent 25 attractions sensationnelles et inédites, ce qui est quelque peu flatteur car de nombreuses attractions avaient déjà été présentées dans d'autres circonstances.



La Perle de l'exposition


Voici ce qu'annonçait " Le Journal de Roubaix " trois mois avant l'ouverture, dans son édition du 7 février :

Les attractions à Barbieux. Il demeure entendu que l’exposition de Roubaix s’affirmera surtout par une grandiose manifestation du travail donnant la reconstitution vécue, animée, des multiples opérations caractérisant l’industrie du Nord tout entière. D’autre part, sa section coloniale, extrêmement brillante, comportant sept palais autonomes consacrés aux principales de nos colonies françaises lui imprimera des allures exotiques aussi anciennes que très inédites pour beaucoup de nos concitoyens. 

Notre « worlds’fair » aura aussi l’heure de présenter aux roubaisiens et à leurs innombrables visiteurs, un parc d’attraction unique, extrêmement varié, aux dispositions évitant pour la plupart la décevante impression du « déjà vu » ! Le côté divertissement ne présente-t-il pas une énorme importance en toute exposition ? 

A cet égard, voici un très bref aperçu des numéros sensationnels, qui feront la joie des petits comme de leurs ainés d’ailleurs, d’ici quelques mois : tout d’abord, un « Scenic Railway » ou chemin de fer établi dans un paysage féérique rappelant les plus beaux sites de la libre Helvétie. Ses nombreux wagonnets glisseront sans bruit à travers les rochers grandioses, les grottes fantastiques et sur un parcours qui ne sera pas inférieur à 900 mètres, franchissant fréquemment les capricieux méandres d’une rivière mystérieuse. Son tracé ingénieusement imaginé constitue un triple « huit » donnant au visiteur l’impression d’un interminable parcours. Puis, un tanagra, le dernier cri en théâtre miniature, donnant l’impression fort exacte d’une véritable scène avec son orchestre et ses chœurs. De merveilleuses fééries y dérouleront leurs splendeurs. Les attractions qui suivent : « Roue joyeuse » (très améliorée), « Moulin fantastique », « Pont du diable », « Cour diabolique », « Caverne des sorcières », « Maison hantée », caractériseront suffisamment la note fournie par ces jeux bizarres, on se retrouve si complètement l’humour américain. A citer également le Palais des illusions, un bowling qui fera sensation dans la tenue promise des « bouleurs », un tir mécanique à la carabine sur objectifs mobiles. Aussi un paquebot géant avec roulis, tangage et mal de mer « ad libitum » ! Le trappeur, le zig zag , le taquin, un musée d’art vivant, le plongeur qui est une variante du jeu de massacre appelé à un succès de fou rire, le petit Monaco, les billards japonais. A tout ceci viendront encore s’ajouter des attractions d’outre Atlantique que, dont les noms inédits m’échappent. Cet envahissement de cet américanisme le plus échevelé autant que multiforme, formera un contraste piquant avec les allures sérieuses, le caractère pratique nettement industriel et commercial de la plupart des sections de l’exposition.

Vues aériennes

A gauche le manège des chevaux sauteurs, à droite la Roue Joyeuse et au centre le Skating Bar dégustation de champagne devant Le Navire.

On a légèrement pivoté par rapport à la vue précédente, le manège des chevaux sauteurs est à droite et on découvre au centre et dans le fond l'importance du Scenic Railway. A gauche le Café Attractions à l'enseigne des bières Bock Salembier Pilsen qui vendait des buffets froids et à droite le stand des champagnes Mercier.

On s'est retourné par rapport aux 2 vues précédentes. Faisant face à la sortie le Pont du Diable à côté du Plongeur et de l'Avia Bar où l'on pouvait déguster du chamapagne.
Sur ces 3 vues aériennes on remarque la proximité du Luna Park avec les champs et quelques habitations. On se trouve en effet à l'extrémité de l'exposition sur des terrains qui ont appartenu à la ville de Croix.


L'entrée du Luna-Park


La carte ci-dessus montre l'entrée du Luna-Park avec l'accès à la place flamande. Sous les arcades on devine, à droite, l'entrée des attractions. Sur la droite de cette carte la maison Meert. La vue de la carte ci-dessous est prise depuis l'intérieur de la place flamande, avec l'entrée vers les nombreuses attractions. On retrouve la patisserie confiserie Meert au même angle (on a juste fait un quart de tour), à côté du Diamond Palace. Certaines attractions étaient gratuites comme " Le coup de vent " d'autres payantes. Il fallait régler 50 centimes pour accéder au Scenic Railway.



De nombreuses attractions sont prises d'assaut par les visiteurs au sein du Luna Park. Dès l'entrée dans le parc on est attiré par le Plongeur et le Coup de vent. Puis par le manège aux chevaux sauteurs, à côté du Joyeux Moulin et la roue joyeuse baptisée à l'anglaise The Joy Wheel. Au fond le Navire apporte les dernières sensations après un crochet à gauche vers le Scénic Railway. Plusieurs confiseries sont disséminées dans le parc, l'une est de l'étoile, l'autre est franco-égyptienne, un café est tunisien ... l'exotisme est de rigueur. Difficile d'échapper à la dégustation du champagne à l'Avia bar ou au Skating bar, ou du cidre mousseux. On peut fréquenter le café des arts, l'Américan Dips ou la maison Grimonprez et découvrir le Tanagra, un théâtre miniature qualifié de la merveille des merveilles.

Le Joyeux Moulin ou Moulin Enchanté

Sur la gauche du " Joyeux Moulin " on devine la " Confiserie Franco-Egyptienne " et sur la droite le théâtre miniature " Le Tanagra " qualifié de 8e merveille.

Il s'agit en fait d'un immense toboggan. Cette construction en bois reproduisant un moulin possédait à l'extérieur un plan incliné en spirale. Cette attraction était fréquente dans de nombreuses manifestations, on en retrouve d'autres exemples lors d'autres expositions.

Le Joyeux Moulin avec au premier plan, un kiosque à musique.




La Roue Joyeuse ou " The Joy Wheel "

Comme l'illustre bien la vignette publicitaire ci-contre, la Roue Joyeuse, aussi appelée The Joy Wheel était une attraction un peu coquine. Il s'agissait d'un immense plateau tournant dont il fallait atteindre le centre. Avec la force centrifuge il était très difficile de rester debout et la rotation vous poussait inexorablement à la périphérie. Bien entendu la vision de quelques dessous féminins et de jupons en tous sens rendait cette attraction particulièrement courue par de nombreux spectateurs.
On retrouve une même Roue Joyeuse à l'exposition de Charleroi qui se déroulait en même temps en Belgique.

Sur la gauche de la " Roue Joyeuse " l'entrée du " Jardin tremblant ".


Le Navire ou " Cake-Walk "

Derrière " le Navire " on aperçoit la confiserie de l'Etoile.
Le navire ou paquebot restitue une sensation de roulis et de tangage d'où le nom de cette attraction. Dans le " guide album bijou " de l'exposition ce manège porte aussi le nom de cake-walk. Le cake-walk était une danse populaire née parmi les Noirs de Virginie vers 1870 et qui sera importé en Europe vers 1900 via le music-hall. Les colons récompensaient les meilleurs danseurs par un gâteau d'où ce nom qui signifie la marche du gâteau. La comparaison avec les sensations éprouvées lors de cette danse syncopée a étendu cette dénomination à cette attraction.






Le Plongeur et le Pont du Diable

Sur la gauche du Plongeur on voit le Tanagra et sur la droite le Pont du Diable.



Le Scenic Railway et la Rivière Mystérieuse (Mysterious River)

Remarquez sur cette carte le prix d'entrée fixé à 50 centimes et la mention " Les tickets gratuits sont reçus ".




Le Coup de vent

A côté du " Pont du Diable " l'attraction bien coquine et gratuite " Le coup de vent " devant " l'American Dips ".


Le manège des chevaux sauteurs

Derrière le manège des chevaux sauteurs le café des Arts. Sur la gauche " Le Joyeux Moulin " et la  " Confiserie Franco-Egyptienne ".





Le Tanagra ou mini-théâtre


Les Tavernes


La Caverne Royale de la maison Grimonprez Delcourt, tenue par Alphonse Laridan,  était située sous le Roue Joyeuse. Dans cette attraction spectaculaire, il fallait éviter d'être entraîné par la force centrifuge d'un disque tournant à bonne vitesse. Rester debout était déjà un exploit et atteindre le centre était encore plus difficile. Inutile de dire que les rires fusaient de toutes parts devant les enchevêtrements des corps en tous sens et de situations grotesques qui en découlaient.


A l'entrée du Luna Park, le café restaurant de P. Forestier dite aussi Taverne de Beaurepaire. Intitulé Restaurant Populaire sur le plan ci-dessous.




Après son succès à l'Exposition Internationale le spectacle fut poursuivi au Modern-Palast
La Sphinge
Une attraction attira une foule nombreuse. La Spinghe se produisait tous les jours entre 14h et minuit. Le succès de cette représentation conduisit à poursuivre dans le cadre du Modern-Palast à Roubaix, après la fermeture de l'Exposition Inernationale du Textile du Nord de la France le 6 novembre 1911. La Sphinge s'inspirait des évocations de Loïe Fuller.

Mary Louise Fuller, dite Loïe Fuller, est une danseuse américaine, célèbre pour les voiles qu'elle faisait tournoyer dans ses chorégraphies. Elle est née à Fullersburg dans l'Illinois le 15 janvier 1882 et morte à Paris le 1er janvier 1928. 


C’est en tant que comédienne qu’elle découvre sa vocation, le soir du 16 octobre 1891, lors de la création de la pièce Quack Medical Doctor à Holyoke, dans le Massachusetts. Rêvetue d’une longue chemise de soie blanche, elle improvise de grands mouvements pour interpréter une femme sous hypnose. Le public réagit alors spontanément en s’écriant « Un papillon !... Une orchidée !... ». 

Sa première chorégraphie, la Danse serpentine, créée au Park Theatre de Brooklyn, à New York, le 15 février 1892, connut un succès tel que de nombreuses imitatrices se l’approprièrent aussitôt. Bon nombre des premières séquences d’images filmées les présentent.

Toulouse Lautrec a peint Loïe Fuller
Installée ensuite à Paris, elle est remarquée et engagée aux Folies Bergères par le directeur artistique Edouard Marchand. Elle devient l’une des artistes les plus importantes et les mieux payées dans le monde du spectacle. Par sa liberté d’invention, elle est la première à réaliser des scénographies d’un genre dont les grands théoriciens de la scène moderneEdward Gordon Craig et Adolphe Appia, avaient rêvé, qui considéraient la lumière comme un élément fondamental de la représentation. L’avènement de l’éclairage électrique et l'imagination créatrice de Fuller suscitent une révolution dans les arts de la scène.
Tournoyant sur un carré de verre éclairé par-dessous, sculptée par les faisceaux de dizaines de projecteurs latéraux, noyée dans des flots (parfois des centaines de mètres) de tissu léger, Fuller, métamorphosée par la couleur, emplit l’espace scénique de ses formes lumineuses en mouvement. Dans certaines de ses pièces, des miroirs stratégiquement placés et des jeux d’éclairages savamment étudiés démultiplient son image à l'infini.


La danseuse à l'écharpe d'Agathon Léonard Van de Weydeveld au Musée de la Piscine à Roubaix 

Il faut remarquer que le musée la Piscine de Roubaix possède une danseuse à l'écharpe (ci-dessus), qui reprend ce thème de la danseuse au voile. Œuvre d'Agathon Léonard Van de Weydeveld en Biscuit de Sèvres réalisé en 1907. Don de Madame Böstge en 2003. N° d'inventaire 2003-29-1


Une importante fréquentation

Les organisateurs avaient dès le départ conclut à la nécessité d'une très grande fréquentation des attractions pour assurer le succès de l'exposition. L'implantation du Luna-Park, à l'extrémité opposée de l'entrée, répondait à cette logique, en obligeant de traverser de part en part l'exposition. Cette réflexion était le fruit d'une démarche entreprise dès le début avec notamment l'implication de responsables ayant participé à d'autres manifestations de ce type. On assiste donc à l'établissement d'un véritable cahier des charges. La réussite ne fut nullement le fruit du hasard mais celle d'un plan global, ce qui apparaît bien dans le rapport de Gilbert Sayet.


La rue des attractions avec l'entrée du Luna Park. En remontant cette voie sur la gauche on accédait au village sénégalais et sur la droite au stadium. A remarquer sur cette belle vue, qui est une photographie véritable de Jacques Bauchart, les illuminations aériennes de chaque côté de l'entrée du Luna-Park.